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lundi, 01 octobre 2018 16:01

Classique au Parc 2018 : Florian Noack

En 2018, Lagord accueillera le pianiste Florian Noack  dans le cadre de l'ouverture du Festival Classique au Port.

Pour le découvrir, nous vous invitons à lire cet article du Monde.

A Toulouse, Florian Noack, un piano à contre-courant
Le jeune musicien belge se produisait en récital dans le cadre du prestigieux festival Piano aux Jacobins.


Marie-Aude Roux (Toulouse (Haute-Garonne), envoyée spéciale)20.09.2017 à 09h25

A 27 ans, le pianiste belge Florian Noack s’est imposé avec une forme de discrétion peu habituelle chez les jeunes artistes en quête de notoriété. Il participait, le 18 septembre, à la 38e édition du festival toulousain Piano aux Jacobins, dans le magnifique auditorium Saint-Pierre des Cuisines, une ancienne église désaffectée et réhabilitée dont les fondations remontent à l’Antiquité. C’est un jeune homme svelte, d’allure modeste, qui se met au piano avec aussi peu de manières que s’il était chez lui pour une séance de travail. Au programme, deux Impromptus, de Chopin (n° 1 op. 29 et n° 3 op. 51), que le pianiste développe avec un son clair, plutôt léger, usant d’une délicatesse particulière dans le médium. Il y a une grande homogénéité dans la ligne de ce piano qui file droit, ignorant la convention d’idiomes chopiniens – rubatos expressifs, ralentis signifiants ou silences inspirés – et nous livre la musique avec une honnêteté fière, délivrée des courtoisies de circonstance.

Il faut dire que le pianiste s’est, depuis longtemps, singularisé par son appétit d’insatiable découvreur, plus curieux des raretés que du grand répertoire pianistique qu’il dit avoir arpenté comme à ¬rebours. C’est ainsi que Florian Noack déclarait, en 2012, dans une interview accordée au site spécialisé Piano bleu : « A 14 ans, je jouais davantage de Clementi que de Beethoven, de Medtner que de Rach¬maninov, et je travaillais des études d’Alkan alors que je n’avais jamais joué le moindre morceau de Liszt. » Ce qu’il apparente, selon ses propres termes, à « une sorte de bienheureuse crise d’adolescence ! »

Clavier fluide et miroitant

Florian Noack s’est donc naturellement inscrit dans la ligne que Piano aux Jacobins a mise en place en coopération avec le Palazzetto Bru Zane, qui invite à jouer un chef-d’œuvre méconnu du répertoire français : ainsi, les Sillages de Louis Aubert (1877-1968), élève de Gabriel Fauré, très beau triptyque dont l’architecture puissante et l’atmosphère sombre (un mixte entre le Fauré de la dernière manière et le Debussy des Préludes) conviennent au clavier fluide et miroitant de Noack, jamais en flagrant délit de dureté, même dans les attaques les plus violentes. Beaucoup de naturel et de probité dans la lumineuse et tripartite ¬Sonatine de Ravel, accomplie d’un seul geste, comme sous l’emprise d’un invariant obsessionnel, d’une métrique rêveuse quoiqu’implacable, privilégiant çà et là des bribes de contre-chants, des dissonances qui piquent. Le programme se terminera avec les Variations sur un thème de Chopin, de Rachmaninov, une œuvre de jeunesse gorgée de promesses, que Noack interprète avec une imagination sonore admirable sans jamais s’écarter d’un « pianisme » strict qui emprunte parfois au toucher en aplats du clavecin, un instrument qu’il a étudié, un temps, parallèlement au piano.

Son amour de l’orchestre, Noack le met tout entier dans son clavier, comme dans ces pièces symphoniques ou extraits d’opéra (Tchaïkovski, Rimski-Korsakov, Rachmaninov, Liadov) qu’il transcrit ou paraphrase avec un talent unanimement salué par ses pairs (Boris Berezovsky, Dmitri Bachkirov ou Cyprien Katsaris), et dont témoigne son premier disque, Initium, paru chez Quartziade en 2012. Un enregistrement qui lui vaudra d’être nommé « Jeune artiste de l’année » à l’ECHO Klassik, tandis qu’un premier volume des piècesde Sergueï Liapounov, en 2013, récolte Diapason d’or et International Classical Music Award. Ce concert atypique et prometteur clôturait la série donnée par les jeunes lauréats 2017 de « L’Europe du piano », un projet cofinancé par l’Union européenne dans le cadre du programme « Europe Créative », qui réunit l’Académie Franz-Liszt de Budapest, l’Association Muzio-Clementi de Rome et, bien sûr, Piano aux Jacobins, à l’initiative de cette opération entièrement tournée vers les jeunes artistes.

Festival Piano aux Jacobins, à Toulouse (Haute-Garonne). Cloître des Jacobins, Halle aux grains et Auditorium ¬ Saint-Pierre des Cuisines. Jusqu’au 29 septembre. Tél. : 08-26-30-36-36. De 6 € à 50 €. pianojacobins.com et www.floriannoack.com